je sais sujet assez bizarre, mais bon ça me semblait interessant de ne pas laisser passer un sujet comme ça ... Voici un article paru dans le Monde.
Que pensez vous de tout ça ? Moi je ne peux pas rester indifferente personnellement.. (hey Kry ce smiley il me fait trop penser a quand on parle toute seule la..mdr en play bac !!)Deux ans après le vote de la loi sur la sécurité intérieure et la création du délit de racolage passif, les associations estiment que le texte rend les filles plus "vulnérable s". Pour leur part, les policiers affirment qu'il leur donne les moyens de "casser" les réseaux.
Elle est montée à la tribune, dans le décor sobre d'une salle de conférence de l'Assemblée nationale, puis elle a chaussé posément ses lunettes. "J'exerce en camionnette dans les bois de Seine-et-Marne, a raconté Corinne. Une après-midi, avant Noël, j'y suis allée mais il n'y avait personne. Je me suis mise à lire mon journal dans mon véhicule. Des policiers sont venus, ont contrôlé mes papiers et m'ont placée en garde à vue pour racolage passif ! Le racolage de qui ? Des oiseaux ? J'étais toute seule. Même vêtue d'un passe-montagne et d'un jean, une prostituée tranquillement assise dans sa voiture est en train de commettre un délit. Même quand elle lit le journal !"
Pour marquer les deux ans de la loi sur la sécurité intérieure et la création du délit de "racolage passif", Act Up-Paris, Aides Ile-de-France, Arcat-Sida, la Cimade, le Groupe d'information et de soutien aux immigrés (Gisti), ainsi que de nombreuses associations de prostituées, s'étaient réunis à l'Assemblée nationale, mardi 15 mars, honorant une promesse faite par Nicolas Sarkozy lors de l'adoption du texte : réaliser une évaluation de la loi au bout de deux ans. Et leur bilan est sans appel : parce que cette loi "persécute et fragilise plus que jamais les personnes prostituées", elles demandent "l'abrogation des articles qui portent sur la prostitution".
Puni de deux mois d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende, le racolage est désormais défini comme "le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive", de procéder publiquement au racolage d'autrui. "On ne peut pas dire que cette formulation soit suffisamment claire ou précise et qu'elle permette de prévoir quel comportement est punissable ou pas, résumait, lors du colloque, Johanne Vernier, une juriste du Gisti. Et la marge d'interprétation offerte laisse rêveur quand on sait que la simple tentative de racolage passif peut être sanctionnée !"
Depuis l'entrée en vigueur de la loi, en mars 2003, les interpellations sont massives. En France, les forces de l'ordre ont lancé plus de 5 000 procédures pour racolage, dont 3 725 à Paris. "Nous menons une véritable entreprise de déstabilisation, explique Frédéric Dupuch. Nous voulons casser les réseaux en multipliant les arrestations, les gardes à vue et les reconduites à la frontière. Si l'on empêche les prostituées de travailler, la rentabilité financière du proxénétisme baissera." A Paris, en deux ans, selon une évaluation "visuelle" réalisée par la police, le nombre de prostituées serait passé de plus de 2 000 à environ 400.
Pour lutter contre le proxénétisme, la loi permet désormais de délivrer une autorisation provisoire de séjour aux prostituées en situation irrégulière, à condition qu'elles acceptent de dénoncer leur proxénète. Depuis 2003, 360 femmes ont bénéficié de ces dispositions. "Cela nous a permis de démanteler sept réseaux internationaux en 2003 et quatre en 2004", souligne Jean-Michel Colombani, chef de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (Octreh). Douze dénonciations ont été enregistrées à Paris, dont dix émanaient de prostituées venues d'Europe de l'Est - Bulgarie, Albanie, Roumanie ou Lituanie. (...)
Angélique, qui exerçait dans le bois de Vincennes, a été arrêtée vingt-six fois depuis l'entrée en vigueur de la loi. Vingt-six interpellations, vingt-six gardes à vue, plusieurs fois déférée au parquet et une condamnation à trois mois de prison avec sursis. "Parfois, la police m'arrêtait avant même que je commence à travailler !, raconte-t-elle. Je n'avais même pas mis ma mini-jupe." Comme beaucoup d'autres, elle a fini par quitter Vincennes et exerce aujourd'hui dans un autre bois de la région parisienne.
Lassées par la fréquence des interpellations dans les centres-villes, beaucoup de prostituées de Paris, Toulouse ou Lyon se sont, comme Angélique, réfugiées dans les friches industrielles, les bois ou les parkings de la périphérie. "Les forêts de Saint-Germain-en-Laye, Melun ou Fontainebleau sont devenues des lieux de prostitution, explique Miguel-Ange Garzo, psychologue clinicien à Arcat-Sida. Mais ces endroits sont peu fréquentés et, du coup, les menaces et les agressions contre les prostituées sont beaucoup plus nombreuses. Et souvent plus graves." (...)
"Il y a un "avant" et un "après" loi Sarkozy, résume Claudia, la porte-parole de l'association France Prostitution. Les rues ont été nettoyées mais les prostituées sont encore là. Elles sont seulement moins visibles. Et plus vulnérables."